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Celles et ceux qui parlent de "continuité pédagogique" vivent soit dans le déni, soit dans le mensonge.

Nous sommes face à une rupture et vu les circonstances, c'est bien normal.

Nous ne pouvons attendre un fonctionnement normal ni de la part des enseignant.e.s, ni de la part des étudiant.e.s.

En particulier, cela nous semble absurde de demander aux enseignant.e.s et étudiant.e.s de continuer à vivre selon le planning des cours établi sous ADE. C'est nier que le fonctionnement de vie de chacune et chacun se trouve bouleversé par les circonstances.

Les enseignant.e.s sont des personnes comme les autres, avec des contraintes personnelles qui peuvent être fortes. En particulier, la garde d'enfants de moins de 16 ans doit leur permettre d'obtenir une autorisation spéciale d'absence leur dispensant de tout travail pédagogique. Tout le monde n'a pas non plus l'équipement informatique, très rarement fourni par l'UFC par ailleurs, ni la bonne connexion internet qui lui permettent d'utiliser tous les beaux outils décrits dans les fiches généreusement élaborées par le ministère.

Pour les autres, l'article L952-2 du code de l'éducation doit prévaloir. Il stipule que :

"Les enseignants-chercheurs, les enseignants et les chercheurs jouissent d'une pleine indépendance et d'une entière liberté d'expression dans l'exercice de leurs fonctions d'enseignement et de leurs activités de recherche, sous les réserves que leur imposent, conformément aux traditions universitaires et aux dispositions du présent code, les principes de tolérance et d'objectivité."

Que notre présidence, nos directeurs et directrices de composante, nos responsables de formation, nous donnent des outils et des conseils pour continuer à entretenir le lien avec les étudiant.e.s, cela nous parait cohérent mais la liberté totale doit être donnée aux enseignant.e.s pour l'organiser.

Il nous semble également totalement impensable d'évaluer les étudiant.e.s dans pareilles circonstances. En effet, il nous faut être vigilant sur la fracture numérique bien réelle parmi nos étudiant.e.s. Certains foyers n'ont pas d'ordinateur à disposition, d'autres n'en ont qu'un pour l'ensemble de la famille et en cette période de confinement et de fermeture de lieux publics tels que les bibliothèques, il n'y a pas de solutions de repli.

De manière plus globale, il ne nous semble pas pertinent d'exiger quoi que ce soit de la part de nos étudiant.e.s. Les rassurer dans un premier temps, les accompagner, les orienter, les inciter, oui, bien sûr mais surtout ne pas les pénaliser.

Enfin, il semble important qu'une CFVU soit convoquée à la réouverture de l'université pour que les étudiant.e.s soient associé.e.s à toute décision les concernant.

La soit-disant "continuité pédagogique" ne nous semble pas être la priorité absolue.

Voici un ordre de priorités que nous proposons à l'université dans ces circonstances :

1) La santé de tous les étudiant.e.s et personnels, y compris précaires, et de leurs proches : notamment, tous doivent être assurés que leur absence ne sera en aucun cas sanctionné sous quelque forme que ce soit, pour peu qu’elle soit notifiée.

2) La continuité sanitaire pour les étudiant.e.s et personnels isolés : un recensement doit être fait, et un plan nourriture/logement établi.

3) Le traitement le plus bienveillant possible de toutes les difficultés individuelles dues à la crise, notamment liées aux études pour les étudiant.e.s et aux rémunérations pour les personnels précaires : ces questions ne doivent en aucun cas être source d’un stress supplémentaire et ne doivent pas conduire les personnels à se mettre en danger.

4) La cohésion des équipes et la confiance des personnels : en temps de crise, la bonne entente est plus importante que l’atteinte d’objectifs fonctionnels, surtout lorsque ces derniers sont éphémères et parfois illusoires.

5) La continuité des activités scientifiques et pédagogiques : seulement lorsque les quatre premières priorités sont absolument réunies.

6) Les validations des études et la complétion des formalités administratives : seulement lorsque les cinq premières priorités sont absolument réunies.

L'intersyndicale CGT-FSU-SUD de l'UFC

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