Modifier

Certes, l’actualité est chargée et il existe d’autres priorités, pour nous, que de se focaliser sur la récente élection à la tête de notre université. Néanmoins, l’analyse conduite par le candidat éconduit Daniel Gilbert nécessite une mise au point.

Dans son article du 24 novembre dans la partie blog de factuel, l’auteur reprend un argument qu’il a utilisé pendant la campagne électorale, à savoir qu’en nombre de voix obtenues, la nouvelle présidente Macha Woronoff est arrivée bonne dernière. Ses listes à lui ont obtenu 39% des suffrages, celles des organisations syndicales (toutes mises dans le même sac), 35%, et celles de la nouvelle présidente seulement 26%.

Daniel Gilbert identifie la cause de ce scandale démocratique dans le poids démesuré accordé aux personnels de rang A (les professeurs des universités et assimilés) et dans « les incohérences et l’inachèvement de la loi relative aux libertés et responsabilités des universités (LRU) ». Nous ne pouvons qu’exprimer notre désaccord quant à ces propos.

Le problème principal n’est pas l’inachèvement d’une loi que nous contestons dans ses fondements mêmes. Le problème est la négation du principe de collégialité qui faisait la spécificité de l’université, tout comme celui des franchises universitaires, bien mis à mal par Jacques Bahi pendant son mandat et aujourd’hui définitivement détruit par un cavalier législatif introduit dans la loi de programmation de la recherche (LPR).

La loi LRU de 2007, en introduisant le concept de gouvernance resserrée, a profondément personnalisé les élections aux conseils centraux. Cette loi a notamment instauré une prime majoritaire à la liste arrivant en tête au conseil d’administration, devenu l’unique conseil élisant le ou la présidente, et elle y a accru le poids des personnalités extérieures. Dans notre université, cette tendance n’a fait que se renforcer à chaque élection, jusqu’à atteindre un paroxysme en 2020. Les deux candidats, qui ne faisaient pas mystère de leurs ambitions depuis de nombreuses années, ont joué à fond la carte de la personnalisation alors que leurs programmes partageaient une impénétrable langue de bois et de grandes convergences sur pratiquement toutes les orientations brossées à grands traits. Le seul véritable enjeu consistait à élire une équipe aspirant à former la nouvelle techno-structure plutôt qu’une autre.

Pour parvenir à leurs fins, Daniel Gilbert tout comme Macha Woronoff, ont présenté chacun une liste dans le collège BIATSS là où, traditionnellement, seules les organisations syndicales se présentaient. On voit ainsi qu’il n'était nullement question d’entrer dans un dialogue avec les syndicats, encore moins de leur donner la moindre garantie sur quoi que ce soit.

On peut bien sûr, avec le blogueur Pierre Dubois, faire l’hypothèse que « les enseignants et les chercheurs de rang B n’ont plus les mêmes intérêts que ceux des rangs A ni dans le champ de la formation, ni dans le champ de la recherche ». Mais Daniel Gilbert, lui-même de rang A, s’est-il fait pour autant le défenseur des personnels enseignants-chercheurs, enseignants et chercheurs de rang B et BIATSS ? Rien n’est moins sûr.

Concernant les listes étudiantes, Gilbert a beau jeu de dénoncer le clientélisme qui, à lire entre les lignes, a permis à sa rivale d’obtenir le soutien des 3 élus BAF ainsi que des deux autres d’extrême-droite, de l’UNI et de l’UEUFC, et ainsi de remporter la présidence. Cependant, le même Daniel Gilbert ne peut faire oublier son soutien appuyé à l’UEUFC quand il s’était agi de lui accorder un délai supplémentaire pour fournir des originaux de déclaration de candidature et non des scans. Il avait même affirmé à Factuel que le fait que la tête de liste était par ailleurs un candidat RN aux municipales n’était pas un problème pour lui. Il ressortait de cet entretien que le plus important était d’avoir des élus qui ne voteraient pas Macha Woronoff. Peine perdue.

Post suivant Post précédent