Ces dernières années, et ce n'est un secret pour personne, les conditions de travail à l'université se sont dégradées, et une chose est certaine, l'arrivée de la COMUE n'a pas arrangé ce constat bien au contraire. Et ce n'est pas la CGT qui le dit (enfin, si, un peu quand même), ce sont les chiffres et les chiffres sont têtus.
Rappelons que la COMUE a été créée le 1er avril 2015, date à retenir en lisant ce document. Vous allez facilement comprendre pourquoi. Date qui nous fait rire jaune tellement ce qu'on nous vend ressemble à un poisson d'Avril géant. Malheureusement, il faudrait peut-être rappeler à notre président que les blagues les plus courtes sont les meilleures.
Nous avons épluché les bilans sociaux de ces dernières années pour dégager certaines tendances. Commençons par le plus simple, le budget de l'université que nous avons croisé avec le nombre d'étudiants, ce qui est encore plus parlant.
Le nombre d'étudiants augmente de façon linéaire et le budget, au lieu de suivre logiquement cette tendance, chute considérablement à partir de 2015, date de création de la COMUE. Le nombre de personnels lui, suit bien la même tendance que le budget, alors que le nombre d'étudiants, rappelons-le, augmente et pas qu'un peu.Continuons à creuser cette tendance avec le nombre de personnels par étudiant :
Comme nous pouvons le voir, plus les années passent, moins les étudians sont encadrés, que ce soit au niveau administratif ou pédagogique. Au lieu de recruter de nouveaux enseignants, on augmente régulièrement le nombre d'étudiants par groupe de TD ou on supprime des heures présentielles. On voit également que la tendance s'aggrave à partir de 2015, date de création de la COMUE. Et ceci n'est même pas compensé par d'éventuelles heures supplémentaires ou vacations, car elles ont également tendance à baisser au fil des années.
Concentrons-nous maintenant sur les personnels BIATSS qui sont en première ligne face à ces choix néolibéraux.
On observe bien une baisse au fil des années avec une diminution plus marquée chez les titulaires. Cette baisse touche principalement les catégories C comme on peut le voir sur ce graphique :
Face à cette situation désastreuse, on va nous répondre 'contraintes budgétaires', 'baisse des dépenses publiques', 'dette'...
Sauf que cette contrainte budgétaire ne s'applique pas vraiment à ceux qui nous ressortent ce couplet. En terme de salaire, sur l'année 2016, la somme des 10 plus importantes rémunérations brutes totales de notre université culminait à 858k€ ce qui correpond à en moyenne à 5500€ net mensuel par personne, soit 4,7 SMIC. Et ce n'est qu'une moyenne, on imagine facilement des disparités parmi ces 10 personnes. C'est également le cas en terme de financement de la recherche. Belle escroquerie que ces axes prioritaires de l'ISITE, définis par les gros labos pour les gros labos. C'est facile, chez nous, président de l'université, VP Recherche, VP Numérique, président du collégium SFSPI, ancien président de l'UBFC, co-responsable du pôle SFAT UBFC, du Polytechnicum UBFC, du Collège doctoral UBFC, coordinateur de la Graduate school EIPHI de l'UBFC sont issus de FEMTO-ST. Résultat des courses ? Lors du dernier appel à projets ISITE, sur les 2,25M€ obtenus par l'UFC (via un laboratoire ou un porteur principal), 1,4M€ revenaient à FEMTO-ST avec 4 projets sur 6, tous dans l'axe 1 de l'ISITE.
D'ailleurs, en parlant des projets de recherche, il faut rappeler que parfois, c'est une unique personne qui est directement concernée. En effet, 9 International Junior Fellowships ont été sélectionnées, chacune financée à hauteur de 12500€ par mois pendant 3 ans et 1 International Coach Fellowship financée elle à hauteur de 16700€ par mois. UBFC bling bling où la visibilité à tout prix se fait au détriment des conditions de travail de tout le personnel... sauf cette poignée élitiste qui parait-il, ne serait pas encore totalement satisfaite de son sort, considérant que les SHS seraient trop bien servis par la région. Ben voyons, ces gens là n'ont plus de limite, ils veulent même récupérer les miettes.
La création de la COMUE a été pensée pour rivaliser avec les autres grosses structures universitaires françaises. Comme souvent, nous nous sommes engouffrés dans ce processus, croyant surfer sur la vague. Sauf que... Sauf que la COMUE ne nous a rien apporté de bon, bien au contraire. Nous avons vu qu'elle a accéléré la dégradation de nos conditions de travail, mais elle a également exacerbé les tensions entre Dijon et Besançon et mis en lumière des egos dangereux. La COMUE coule et nous pourrions nous en réjouir si elle n'entrainait pas notre université avec. A vouloir concurrencer les gros, nous risquons non seulement de ne pas atteindre l'objectif fixé, mais également de nous retrouver à la traine face aux universités de même taille, qui en restant humbles, ont continué à faire ce pourquoi elles étaient faites : être un service public de proximité au service des étudiants de leur bassin et faire de la recherche de qualité, pluridisciplinaire. Rappelons que seule notre élue CGT de l'époque avait voté contre les statuts de la COMUE. Parfois, nous aimerions sincèrement avoir tort mais une fois de plus nous avions vu juste. Les élections à venir sont importantes car on se rend compte que les élus des listes du président n'ont aucun courage pour s'opposer à des décisions absurdes, dont nous payons le prix fort.
Finissons ce document par la fameuse fable de La Fontaine, 'La Grenouille qui veut se faire aussi grosse que le Boeuf' fort à propos dans ce contexte.
La Grenouille qui veut se faire aussi grosse que le Boeuf, par Jean de La Fontaine.
Une Grenouille vit un boeuf
Qui lui sembla de belle taille.
Elle qui n’était pas grosse en tout comme un œuf
Envieuse s’étend, et s’enfle, et se travaille
Pour égaler l’animal en grosseur,
Disant : Regardez bien, ma soeur ;
Est-ce assez ? dites-moi ; n’y suis-je point encore ?
– Nenni. – M’y voici donc ? – Point du tout. – M’y voilà ?
– Vous n’en approchez point. La chétive pécore
S’enfla si bien qu’elle creva.
Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages :
Tout Bourgeois veut bâtir comme les grands Seigneurs,
Tout petit Prince a des Ambassadeurs,
Tout Marquis veut avoir des Pages.